À propos
L’exposition Esclavage, mémoires normandes a pour vocation de montrer la participation des Normands et de leur territoire à la traite atlantique entre l'Europe, l'Afrique, l'Amérique et l'Asie entre le XVIe et le XIXe siècle.
Une exposition, pour quoi faire ?
- Aborder de façon pédagogique la complexité du système esclavagiste ;
- Présenter pour la première fois un état des connaissances sur le sujet de l’implication des Normands dans le commerce triangulaire et le système esclavagiste ;
- Opérer un traitement régional du sujet et expliquer le rôle complexe de l’ensemble du territoire de la Basse-Seine, au regard des autres territoires français impliqués, notamment Bordeaux et Nantes ;
- Traiter le sujet de la mémoire de l’esclavage dans nos sociétés contemporaines en faisant appel à des artistes, afin de réfléchir aux enjeux contemporains de cette mémoire.
Entretien avec Guillaume GAILLARD
Commissaire général de l’exposition régionale, directeur Valorisation des patrimoines de la Ville du Havre
COMMENT EST NÉ CE PROJET D’EXPOSITION ?
Les Musées d'Art et d'Histoire, ainsi que les Archives municipales du Havre évoquaient la traite atlantique dans leur parcours permanent et au travers d’ateliers pédagogiques. Les élus de la ville ont souhaité qu’une exposition permette de considérer plus précisément et historiquement le sujet. Un consensus a été rapidement trouvé : travailler ce pan de l’histoire sous l’angle régional en partenariat avec Rouen et Honfleur. D’autres collectivités locales et musées ont été consultés, comme le musée de La Pagerie à la Martinique, Nantes, La Rochelle, Bordeaux.
COMMENT LES EXPERTS ET LES COMMISSAIRES D’EXPOSITION ONT-ILS TRAVAILLÉ SUR CE SUJET POUR L’ABORDER SOUS L’ANGLE DE LA PÉDAGOGIE ET DE LA MÉMOIRE ?
L’essentiel du travail est de restituer au grand public, et pour la première fois, l’état de la connaissance en montrant nos collections et des œuvres qui n’avaient jamais été présentées. Le sujet de la mémoire est complexe dans la mesure où il s’agit d’un processus collectif. Dans ce contexte, nous souhaitons que cette exposition se positionne comme une étape de restitution et de partage.
COMMENT LES COLLECTIONS DES TROIS MUSÉES RACONTENT-ELLES L’HISTOIRE DE LA TRAITE ATLANTIQUE EN NORMANDIE ?
Les archives présentent toutes les étapes de la traite : le montage financier pour préparer un bateau, la façon dont les groupements se constituent, la rentabilité des investissements, les plantations, les habitations en Amérique, les conditions de vie et de travail des personnes mises en esclavage, et l’utilisation des matières premières en France. Les musées conservent des œuvres qui illustrent, elles, cette histoire et les questions de représentation.
L’EXPOSITION EST LABELLISÉE D’INTÉRÊT NATIONAL PAR LE MINISTÈRE DE LA CULTURE, EN QUOI CETTE DÉMARCHE EST-ELLE INNOVANTE ET INÉDITE ?
Dans son ensemble, l’exposition permet une appréhension globale de la traite atlantique en Normandie. Au Havre, à Rouen et à Honfleur, chaque chapitre peut se découvrir de manière indépendante. Le label constitue une reconnaissance de ce traitement innovant. Le ministère de la Culture souligne aussi la méthode de travail partenariale de trois collectivités.
QUE RESTERA-T-IL DE CET ÉVÉNEMENT ET DU TRAVAIL DE MÉMOIRE AUTOUR DE LA TRAITE ATLANTIQUE AU-DELÀ DE L’AUTOMNE 2023 ?
Au Havre, deux salles supplémentaires sur la mémoire de la traite atlantique, ouvertes au public lors de cette exposition, seront pérennisées. À Rouen, il y aura une salle consacrée à ce thème dans le nouveau Musée Beauvoisine. À Honfleur, la section consacrée à cette question dans le musée de la Marine sera remodelée et son propos reformulé à la lumière des apports de cette exposition. Ce travail de documentation va influer sur les équipes des Pays d’Art et d’Histoire pour leurs visites patrimoniales sur les territoires, avec un discours renouvelé. Un catalogue présente de façon exhaustive l’ensemble des objets et des documents présentés dans l’exposition sur les trois sites. Un ouvrage scientifique fera le point sur cette recherche historique tandis qu’une exposition virtuelle présentera de façon synthétique des objets, des collections, des archives.